– Lectures – « Les prolos »

littérature prolétarienne

Louis Oury, éditions Agone, Mémoires sociales, 2016, Marseille
– 1ère édition en 1973

Pour inaugurer la rubrique lecture, nous débuterons par un classique de ce qu’on a appelé la littérature prolétarienne.

Du milieu agricole au monde ouvrier.
Louis Oury nous livre la chronique de son parcours d’ouvrier de 1950 à 1959. L’ouvrage débute en 1950, lorsque , jeune apprenti, il se trouve plongé dans l’univers du travail en usine. Cette description du monde du travail au jour le jour nous est livrée sans concession. Les rudes conditions de travail, les salaires insuffisants, la protection sociale déficiente. Un changement profond s’opère chez l’auteur lorsqu’il découvre le syndicalisme et la solidarité ouvrière. Prise de conscience qui s’accomplit pleinement dans la grève de 1955 qui toucha les chantiers navals de Saint-NazaireGrève qui permit, au terme de 7 mois de conflit parfois violent, d’obtenir une augmentation des salaires de 22% ! Déjà, ce conflit fut marqué par l’intervention des CRS, corps d’intervention qui depuis longtemps jalonne l’histoire de la répression des mouvements sociaux … jusqu’à nos jours.
Un livre précieux pour garder en mémoire un épisode des luttes qui ont constamment dû être menées pour conquérir de meilleures conditions de travail et des salaires corrects.

Extrait

« C’est donc sur ce terre-plein de Penhoët que je me retrouve en cette matinée de printemps, assis sur un rail aux côtés de Robert. J’ai repris le travail hier… Déjà je réponds au premier débrayage lancé par les syndicats. La veille, les gars de la tôlerie avaient débrayé en fin de matinée, mais aujourd’hui, jeudi le débrayage intéresse tous les ateliers. Ainsi nous sommes environ douze mille ouvriers  en bleu de travail regroupés sur le terre-plein.
Malgré cette multitude, un silence relatif s’est instauré, car là-bas, sur l’estrade dressée le long des baraquements, un dirigeant syndicaliste s’apprête à parler au micro (…) »
« De ce fait (ndlr: l’unité d’action des syndicats), un sentiment d’unité galvanise la masse et la rend d’autant plus consciente de sa force. Car si un ordre de débrayage est lancé par les trois syndicats, il ne se trouve pas un seul jaune pour travailler, la sortie des ateliers est générale.
– Camarades !… lance Malnoë d’une voix forte. »
  
  (p.136)