
Pour rappel, dans les articles précédents (Bruxelles au plus offrant I et II), nous insistions sur les multiples dimensions de la gentrification. Nous défendions l’idée que pour comprendre le phénomène il ne fallait pas l’isoler dans sa seule dimension économique, bien que celle-ci soit essentielle. Les ressorts du phénomène se trouvent également dans ses dimensions sociologiques et politiques.
Nous poursuivons notre réflexion en examinant les questions de la domination sociale et du rôle de l’idéologie.
1. Une société structurellement inégalitaire
Nos sociétés libérales qui prônent l’égalité des chances sont, dans les faits, fondamentalement inégalitaires. Derrière le vocable « égalité des chances » se cache l’inégalité fondamentale des destins. Les études montrent en effet que l’origine sociale des individus est déterminante dans la position qu’ils occupent dans la société et sur leurs conditions de vie.
1.1. Constat : la reproduction sociale
Ainsi, on constate que l’inégalité se manifeste dans tous les aspects de la vie : les revenus, mais aussi la santé, le logement, l’éducation, les loisirs, l’emploi, le patrimoine. Un détour par les articles mis en ligne par l’observatoire belge des inégalités -1- dessine un horizon assez complet de la question de la reproduction sociale. Des études statistiques font apparaître que le niveau d’études des enfants est fortement corrélé à celui des parents (« Dis-moi qui sont tes parents, je te dirai qui tu es« , « La reproduction sociale en Belgique« ), que l’état de santé et l’espérance de vie dépendent aussi de la classe sociale à laquelle on appartient (« Inégaux face à la mort » ), il en est de même pour la scolarité ( « La mixité dans les écoles et dans les classes est-elle bénéfique aux enfants défavorisés ? « ).
Bien entendu, cette dynamique sociale ne se manifeste pas comme un mécanisme rigide et immuable. Il arrive aussi que certaines personnes d’origine modeste occupent des postes élevés, mais statistiquement cela reste, hélas, l’exception. En définitive, les études démontrent que la stratification sociale, étant corrélées aux milieux d’origine, ne repose pas sur des hypothétiques talents individuels contrairement à ce que voudrait faire croire une certaine vulgate libérale.
1.2. Les classes populaires dépossédées de leurs quartiers
A l’échelle des quartiers, les recherches sociologiques font apparaître des phénomènes similaires.
Comme nous l’avons déjà souligné (Bruxelles au plus offrant II), les changements subis par les quartiers en voie de gentrification ne se réduisent pas à l’élévation des loyers et du prix de l’immobilier. Évidemment, cette dimension économique est primordiale du fait qu’elle impacte directement la qualité de vie des plus modestes, mais d’autres éléments viennent ajouter leur lot de difficultés car c’est tout l’environnement qui s’en trouve transformé en profondeur.
De fait, on observe que ces « montée en gamme » se traduisent par la disparition des lieux de sociabilité et de consommation populaires. Les cafés, les commerces, les espaces publics se conforment progressivement aux goûts et aux moyens des classes mieux loties -2-. Difficile alors de trouver dans l’environnement proche les commerces pratiquant des prix bas et correspondant aux besoins des habitants peu fortunés. Le réseau social s’appauvrit lui aussi.
En conséquence, on peut s’interroger sur les réels bénéficiaires de ces projets urbanistiques en vogue soutenus par les autorités locales et qui prennent souvent pour prétexte une amélioration des quartiers visés. Il est difficile de ne pas considérer que ces politiques de « revalorisation des quartiers », sous couvert de rendre la ville « plus verte et plus conviviale», défendent principalement, outre le profit des grands groupes financiers et de BTP, les intérêts (et les goûts) de certaines couches de la population. En réalité, ces intérêts présentés comme universels, ne correspondent pas à ceux des classes populaires. Or, cette universalisation d’un intérêt propre à une classe, ou fraction de classe, relève typiquement des mécanismes de l’idéologie.
La gentrification, ce sont les inégalités sociales marquées dans l’espace urbain, à la fois sur le plan économique (relation d’exploitation) et sur le plan idéologique (relation de domination).
2. A propos de l’idéologie
A la prétention à l’universalité vient s’ajouter la naturalisation des relations sociales. La position dominante de certaines catégories d’habitants se pose comme allant de soi, comme étant naturelle. Un détour par la question de l’idéologie nous permettra de démêler quelque peu cette problématique.
Pour le philosophe Emmanuel Renault, « le concept d’idéologie désigne la dimension politique des idéalités et, plus précisément, la double justification d’un ordre social marqué par l’inégalité et la domination exercée par l’intermédiaire des idées par des groupes sociaux dominants sur les groupes sociaux subordonnés »-3-.
Par commodité, nous élargirons la définition en y incluant l’ensemble des représentations et des idées qui se rattachent à une conception de la société, de l’humain, de la nature, avec ses postulats, ses valorisations positives ou négatives. C’est d’une certaine manière une vision du monde avec son schéma explicatif. Dans cette perspective, la dimension culturelle en fait partie.
Nous considérons qu’il s’agit d’un mécanisme incontournable de la présence de l’être humain au monde et qu’il n’est pas possible d’exister consciemment sans s’inscrire dans une conception du monde qui nous entoure (cf. Althusser « Idéologie et appareil idéologique d’État » -4-). En conséquence, le terme « idéologie » n’est ici ni positif, ni négatif. Il désigne un mécanisme et un contenu social.
On l’aura compris, dans cette acception large du terme, l’idéologie ne se limite pas à la conception particulière d’un groupe politique, religieux ou autre, dans l’opposition courante entre un contenu qui serait idéologique et un autre qui serait objectif, par exemple lorsqu’on oppose idéologie et science.
Plus concrètement, en font partie, les hiérarchisations des choses et des idées, la conception de ce qui est naturel ou pas, de ce qui est normal, les « évidences » (ces notions qu’on considère ne pas devoir argumenter), des concepts particuliers comme le mérite, le talent, etc… (qui peuvent constituer la justification de la place occupée par chacun dans la société). Tout un ensemble qui peut être déconstruit et analysé pour le situer dans le réseau des rapports sociaux dans lesquels il se construit.
Nous verrons par la suite que ce choix, loin d’ôter toute opérationalité au concept par une acception trop large, offre un angle pertinent pour dire le caractère relatif et situé de ce qui est exprimé dans le discours de la gentrification.
Pour en revenir à la nouvelle culture citadine du « naturel » et du « durable », celle-ci pouvant être analysée comme une représentation du monde, il devient possible de comprendre le rôle joué par cette culture dans le jeu complexe des transformations du visage des quartiers. Comprendre en quoi elle n’est pas socialement neutre et peut s’inscrire dans un rapport de domination par la hiérarchisation des goûts qu’elle exprime et quel est le lien avec les relations d’exploitation.
3. Marx et Bourdieu, deux références essentielles pour comprendre la gentrification
Nous pensons que les concepts forgés par Pierre Bourdieu et Marx offrent les outils nécessaires à une compréhension précise des enjeux sociaux de la gentrification dans ses dimensions à la fois économique et idéologique. Ces auteurs permettent aussi, chacun selon son propre angle, de comprendre le jeu d’alliances entre les différentes strates des populations urbaines. Qui est solidaire de qui ? Comment les rapports entre les gentrifiés et les gentrifieurs sont en lien avec les rapports d’exploitation ? Quelle est dans ce cas précis la nature du lien entre idéologie (rapports de domination) et économie (rapports d’exploitation) ?
3.1. Bourdieu : des agents sociaux inégalement dotés
Dans leurs recherches sur la haute bourgeoisie et l’aristocratie -5–, les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon insistent sur le fait que la richesse ne se réduit pas à la possession d’argent ou de biens, bien que cet élément soit essentiel. Le pouvoir détenu par la « haute société » consiste en un rapport social dans lequel d’autres éléments interviennent : le réseau social, les aptitudes, une certaine conscience de soi et de sa classe sociale ou une connaissance des « codes » propres à son milieu.
On est ici dans la sociologie de Pierre Bourdieu selon laquelle les agents sociaux sont dotés de différentes formes de capitaux (atouts) héritées de leur entourage social et familial : le capital économique (revenus et patrimoine), le capital symbolique (statut social), le capital culturel (savoir, savoir-être, diplômes), le capital social (réseau de relations). La pertinence de ces concepts ne se limite pas à l’étude de la « haute société », ils restent opérationnels pour une analyse plus large des rapports sociaux. Pour ce qui est de la question des rapports de domination, Bourdieu nous apprend que la possession de ces capitaux étant répartie très inégalement dans la société en fonction du milieu social, c’est leur cumul et leur configuration qui renforcera la position des dominants -6-.
En outre, les agents sociaux se comportent selon un habitus acquis dans leur éducation fait de posture, d’attitude, de manière de parler, de s’habiller, d’aisance du discours, … Habitus qui est marqué par les idéologies des classes sociales dont ils sont issus. Ces qualités acquises offrent aux personnes issues de classes sociales mieux dotées en capitaux un avantage indéniable lorsqu’il s’agit de défendre leurs intérêts spécifiques face aux intérêts de classes moins favorisées, par exemple dans le processus de consultation des habitants prévue dans le cadre des demandes de permis d’urbanisme.
La hiérarchie des goûts
Dans ses recherches, Bourdieu a fait apparaître comment les goûts, c’est-à-dire les préférences en matière esthétique et culturelle sont socialement construits et hiérarchisés selon une logique de domination sociale -7- . C’est ainsi que le regard posé sur un quartier, ses habitants, ses pratiques, parle finalement plus des relations de domination que d’une hypothétique valeur intrinsèque des objets ou des pratiques dont il est question.
Cette hiérarchisation n’est pas sans conséquence. Elle donne pour naturel la valorisation de certains aménagements urbains au détriment d’autres, évitant ainsi une réflexion plus approfondie sur les politiques prônées et leurs conséquences sur les habitants les moins favorisés. Cette hiérarchisation a pour corollaire l’universalisation. Comme le remarque Bourdieu, « la plupart des œuvres humaines que nous avons l’habitude de considérer comme universelles – droit, science, art, morale, religion, etc. – sont indissociables du point de vue scolastique et des conditions économiques et sociales qui les rendent possible et qui n’ont rien d’universel » -8-.
La violence symbolique
On remarque en effet que cette hiérarchie des goûts, pourtant relative et fonction du contexte social dans laquelle elle s’établit, est régulièrement présentée comme absolue dans les débats autour de l’ « amélioration » des quartiers. On prône un certain type d’espaces verts, un esthétisme de la nature en ville, un style de vie, et ces usages de la ville, propres à certaines catégories sociales, sont déclinés sur le mode de l’évidence, comme préférables à celui des classes populaires.
Cette imposition de l’univers culturel d’une classe à une autre relève de la violence symbolique théorisée par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron dans leur ouvrage « La reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement » -9-. La chaîne youtube La Sociothèque définit cette notion comme « un mécanisme de domination sociale où un groupe social impose aux autre groupes des choix, des opinions, des comportements en les faisant passer pour légitimes et universels alors qu’ils sont situés socialement » -10-.
Une caractéristique essentielle de la violence symbolique est qu’elle est largement non consciente tant chez les dominés que chez les dominants. L’imposition de normes prétendument universelles, alors qu’en réalité elles se trouvent socialement situées et arbitraires, est vécu comme dans l’ordre naturel des choses et ne devant pas être remise en question. Ce mécanisme conduit les « dominés » à apporter leur consentement à cette hiérarchisation. Les différences de salaires et de conditions de vie, le quasi monopole du pouvoir exercé par les classes « supérieures » seront peu remises en causes hors des cercles militants. L’idéologie des talents, de la compétence, fait son effet.
La violence symbolique passe par le langage, mais aussi par la culture et l’organisation de l’espace -11-. Elle peut s’exercer par le fait que celui qui la subit méconnaît les rapports de force par lesquels elle tire son efficacité.
Quelques exemples :
La dévalorisation de certaines communes bruxelloises, comme par exemple Molenbeek
Le déferlement de propos dévalorisants et méprisants à l’encontre des Gilets jaunes.
La plus grande valeur accordées à certaines professions en regard de métiers moins prestigieux (avocat, architecte, cadre versus travailleur social, ouvrier, employé), hiérarchisation qui justifierait, voir expliquerait, selon le « sens commun » -12- les différences de revenu et de conditions de vie.
La hiérarchisation des usages de la ville (loisirs culturels, aménagements écologiques, consommation locale et bio versus amusements et lieux de socialité populaires, consommation de produits bon marchés, …).
3.2. Marx : l’ancrage matériel de l’idéologie
Les racines matérielles de l’idéologie
La question de l’idéologie du point de vue marxiste, ouvre une perspective quelque peu différente. Elle s’avère assez complexe et n’est pas univoque, les auteurs majeurs de cette tradition ayant pris des voies différentes (Gramsci, Lucacks, Althusser, etc …). Nous nous bornerons à quelques point essentiels, l’idée étant d’examiner le processus de gentrification avec les outils bourdieusiens tout en gardant comme fondements les apports de Marx. Nous nous limiterons ici aux quelques points fondamentaux qui permettent de consolider notre analyse.
Pour Marx, la production des idées et des représentations tirent leurs racines dans l’organisation matérielle de la société et est en lien avec les rapports de force qui caractérisent la dynamique sociale. La conséquence en est que les classes dominantes (sur le plan socio-économique) dominent également sur le plan des idées. Dans cette logique, il s’agit de comprendre comment ces idées (ou l’idéologie) sont déterminées par la relation12entre classe dominante et classe dominée.
Comme le souligne Emmanuel Renault (cf. supra), le point central de l’idéologie du point de vue marxiste est qu’il ne s’agit pas d’une lutte des idées, mais de l’émergence de discours justificatoires des rapports sociaux réels qui structurent la société. Il ajoute ceci à la définition citée plus haut : « (…) l’idéologie comme les idées dominantes au triple sens des idées en vigueur à une époque déterminée, des idées de la classe dominante et des vecteurs de la domination » -13-.
Cependant, la construction des représentations idéologiques s’avère être un phénomène non linéaire. La production des idées ne doit pas être considérée comme le reflet passif du monde matériel, mais au contraire, elle doit être considérée comme un processus dynamique qui exerce une influence « en retour » sur la base matérielle de la société (cf. notamment Althusser, « Idéologie et appareil idéologique d’État »). C’est notamment le cas où l’activité militante d’associations ou de groupes politiques changent la perception commune d’un problème qui permet d’aller dans le sens d’un changement. Par exemple, la prise de conscience d’une part importante de la population des horreurs de l’apartheid a mené à un boycott très large de l’Afrique du Sud et a sans doute concouru, avec d’autres éléments, à la chute du régime d’apartheid. Des courants de pensée progressistes ont donc influencé le changement du régime politique.
Dès lors, déceler la ou les idéologie(s) qui sous-tendent un projet urbanistique ou l’argumentaire en faveur des aménagements « verts » présente un intérêt concret. Celui de faire le lien entre les questions purement pratiques (augmentation du coût de l’immobilier et des loyers, augmentation du coût de la vie, départ des populations les moins nanties,…) et le discours qui favorise cette évolution. C’est accéder à la dimension politique.
Les deux fonctions de l’idéologie
Quant au fonctionnement même de l’idéologie, Marx nous a ouvert une piste fructueuse dans son ouvrage majeur, le Capital -14- démontrant sa fonction essentielle dans le fonctionnement des sociétés capitalistes de marché. Par la suite, ce chapitre a inspiré d’autres chercheurs et a suscité des développement très riches quant à la compréhension de la place de l’idéologie dans le fonctionnement social -15-.
Voici un point essentiel à retenir ici : ce que le fonctionnement social implique c’est que ses représentations emblématiques sont prises dans une double fonction qui est à la fois d’exprimer et de voiler. Autrement dit, l’idéologie contient en elle des rapports sociaux qu’elle exprime et voile en même temps.
C’est ce double mouvement qu’il importe donc de faire émerger pour se détacher à la fois d’un discours traçant une voie unique de l’écologie en ville (cf. le TINA en économie -16-) et du faux dilemme écologie ou social.
Des rapports à la fois de domination et d’exploitation
L’examen des mécanismes spécifiques à l’idéologie permet de mieux comprendre comment la transformation des quartiers, parfois subtile, procède de ce mécanisme multifactoriel de la gentrification. C’est faire le lien, entre les dimensions idéologiques, politiques et économiques, remettre ensemble les composantes indissociables du fonctionnement social.
Il ressort que l’intérêt de cette démarche va bien au delà de l’exercice intellectuel, elle touche véritablement au concret. Les mécanismes de domination viennent s’imbriquer à la fois en tant qu’outil et que justification des relations d’exploitation dans le travail (niveau de rémunération, conditions de travail, utilisation du travail domestique et du travail précaire, des livraisons à domicile, …) et dans la rente immobilière (niveau des loyers, rapport de force défavorable aux locataires). Tous cela concerne concrètement le quotidien des habitants des quartiers.
L’idéologie exprime des rapports sociaux du fait que les préoccupations exprimées proviennent majoritairement de certaines classes sociales. La complexité de la construction sociale de la culture et de l’idéologie induit le fait que les sphères culturelles des différentes classes sociales ne sont pas identiques. Enfin, il faut reconnaître que la hiérarchisation des goûts ne provient pas d’une caractéristiques « substantielle » à ceux-ci mais résulte bien des rapports sociaux de domination qui attribuent plus de valeur à ce qui est attaché aux classes plus « élevées » ou en d’autres termes expriment les rapports entre ces classes.
Le discours sur la ville durable, écologique, inclusive, inventive, exprime une vision de la société. Ou plutôt des visions, à dominante tantôt écologique, tantôt économique, mais quasi toujours axées sur les classes dites créatives, c’est-à-dire les classes favorisées -17-. Malgré un discours truffé de messages positifs, la transition vers une ville créative et durable recèle en réalité des mécanismes de domination sociale au service des mécanismes d’exploitation.
L’idéologie voile les rapports sociaux dans lesquels elle s’est construite en donnant pour universelle la préoccupation et la manière de faire d’un milieu social déterminé. Ainsi, les rapports de classe (ou de fractions de classe) n’y apparaissent plus. On présente comme la solution certaines modalités d’aménagement (verdurisation d’un quartier, aménagement de pistes cyclables,…) en les décrivant sur le mode de l’évidence, de l’« impensé ». On se trouve dans la « naturalisation » d’un fait social. Les conséquences néfastes pour les populations les moins nanties du quartier « réhabilité » sont quant à elles mises sous le boisseau. Le rapport social dans lequel le projet urbain s’inscrit est effacé sous un discours consensuel d’universalité. Et là se situe la jonction avec l’aspect économique.
Tout ceci étant à mettre en relation avec les rapports d’exploitation (positions dans la « hiérarchie sociale », patrimoine familial, rapport salarié / patron et/ou locataire / propriétaire, …).
3.3. Pourquoi associer Marx et Bourdieu
L’idée est de constituer un outil d’analyse qui soit opérationnel. On sait que certains auteurs opposent Marx et Bourdieu sur une série de points, mettant l’accent sur leurs différences. Mais l’exemple de la démarche des sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot nous semble plus fructueuse. Ils expriment comme suit la complémentarité des deux approches :
« Dans l’approche des classes sociales il semble nécessaire de différencier, mais aussi de tenir ensemble, deux dimensions à la fois complémentaires et partiellement indépendantes, l’exploitation et la domination. La première renvoie à la classe en soi. Elle existe quelle qu’en soit la conscience qu’en ont les agents en fonction de leur place dans les rapports de production. La seconde est un rapport qui passe par les consciences, par les perceptions et les représentations et par une forme de capital spécifique, le capital symbolique. Ce rapport est donc à la fois la prise de conscience plus ou moins élaborée, de la place réellement occupée dans l’espace social, et les représentations auxquelles conduit cette perception » -18-.
Selon Loïc Wacquant, les sociologies de Max et de Bourdieu s’accordent sur trois points : « le rejet de la théorie pure », « une conception relationnelle du social », « une conception agonistique du monde social » -19-.
1 – Le premier point commun « tient au rejet de la théorie pure comme discours clos sur lui-même, détaché de tout référent empirique (…) ». Chez les deux auteurs, «l’activité théorique n’est pas séparable du travail scientifique de construction d’un objet concret » -20-. Il y a toujours confrontation entre la pratique et la théorie.
2 – Tout comme celle de Marx, la sociologie de Bourdieu est relationnelle. Cela « implique de reconstituer le réseau complet des rapports sous-jacents à tout fait [observé]». Dans cette perspective, les classes sociales, le capital ou la société elle-même sont définis en tant que rapport social. On s’écarte d’une approche qui serait essentialiste en attribuant une valeur en soi à tel ou tel comportement ou préférence ou en définissant une classe sociale par une hypothétique propriété intrinsèque. C’est avant tout le rapport social dans lequel s’inscrivent ces éléments qui est analysé. Par exemple, c’est le rapport d’exploitation d’une classe sociale par une autre, qui fonde à la fois les différences de classe et leur existence. A ce niveau, la sociologie de Bourdieu rejoint celle de Marx en insistant sur le caractère relationnel de ses concepts tels que habitus, champs, capital etc… -21-
3 – Les deux auteurs reconnaissent la conflictualité fondamentale de la société. Pour Marx, elle est le produit de la lutte des classes. Pour Bourdieu, ses différentes composantes, les champs sont traversés par des conflits et des luttes internes et externes.
Nous ajouterons deux autres caractéristiques communes :
4 – Aussi bien Marx que Bourdieu veulent conduire leur démarche au delà de la perception immédiate du monde. Ils fondent leur démarche dans la déconstruction des mécanisme sous-jacents du fonctionnement social qui n’apparaissent pas dans une simple observation directe des phénomènes sociaux.
5 – Enfin, leur approche est critique. La description et l’analyse du fonctionnement social ne constitue pas un simple constat mais pointe les mécanisme d’exploitation et de domination et ouvrent la voie à une remise en cause de l’ordre social. On ne peut mieux exprimer cette option qu’en citant la célèbre onzième thèse sur Feuerbach, notes de travail rédigées par Marx en 1845, « Les philosophe ont seulement interprété le monde de diverses manières, ce qui compte, c’est de le transformer » -22-.
Cet ensemble de points communs portant sur des caractéristiques essentielle d’un point de vue épistémologique permet de considérer qu’au-delà d’indéniables différences leurs approches peuvent être articulées de manière cohérente sans donner dans l’éclectisme.
4. La gentrification sous l’éclairage de l’idéologie
4.1 Gentrification, une seule idéologie dominante ?
Une difficulté surgit dans l’étude de la culture de la gentrification. On constate des contradictions dans les discours et les projets des deux groupes dominants, les « classes créatives » et les groupes BTP et/ou financiers. Plus précisément, certaines visées écologiques des habitants « gentrifieurs » et les projets portés par les grands groupes de promoteurs ne coïncident pas nécessairement. Les discussions autour de l’installation de la 5G à Bruxelles en constitue un exemple. On observe donc deux groupes en position de domination vis-à-vis des classes populaires n’évoluant pas dans la même vision du développement urbain (c’est ce qui est exprimé dans l’article de Claire Nadeau).
Écologie versus promoteurs ?
En conséquence, si l’on veut comprendre le rôle de l’idéologie spécifique que nous pourrions désigner par néo-écologisme urbain dans l’évincement des populations les plus pauvres des grandes villes, nous devons nous pencher sur les rapports sociaux dans lesquels elle se développe, y compris les rapports d’exploitation. Mais tout en sachant qu’elle ne représente pas à elle seule l’idéologie dominante dans les politiques urbaines. Elle doit partager le terrain avec une vision managériale et technocratique des villes (ranking international, smart-city, « ville attractive »,…). Cela donne parfois des mélanges peu cohérents dans la gestion politique de la ville (cf. Bruxelles – raccourci). Cependant, à y regarder de plus près, ce néo-écologisme urbaine n’est pas sans servir la classe dominante (classe capitaliste) dans sa focalisation extrême sur les politiques « bonnes pour la Terre » et ignorant le plus souvent les questions sociales. Elle se cantonne trop souvent dans une approche consensuelle généralement aveugle à la réalité des antagonismes qui traversent la société.
Ainsi, sous cet aspect extérieurement contradictoire, le néo-écologisme urbain, bien représenté dans les « classes créatives », n’est-il pas au service de la classe réellement dominante de la société, celle des grands groupes financiers et industriels ? Ce qui donne à réfléchir sur la thèse que Marx et Engels formulaient déjà en 1845 dans « L’idéologie allemande » : « Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées dominantes, autrement dit la classe qui est la puissance dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle » -23-.
Mais nous reviendrons plus en détail sur cette question qui ne saurait être tranchée en un paragraphe.
4.2. Quelques questions essentielles
L’observation de la vie dans les quartiers fait émerger une série de questions : Qui peut se faire entendre par les autorités et qui peut le mieux défendre ses propres intérêts ? Quelle hiérarchisation se fait entre les fractions de classes qui vivent dans le quartier ? Quels sont les goûts socialement valorisés ? Quelle classe (fraction de classe) sera encline à présenter ses intérêts de classe en intérêt universel ? Dans quelles contradictions les milieux financiers et entrepreneuriaux se situent-ils en utilisant une idéologie techno-écologique pour justifier leurs opérations urbanistiques ? Et sans doute la question essentielle : Quelles sont les alliances de classes (fractions de classes) effectives dans le processus de gentrification et quelle en est l’évolution (retournements d’alliance) ?
4.3. Hypothèses sur le rôle de l’idéologie
La construction sociale de la ville « intelligente, durable et inclusive »
L’idéologie exprimée dans le discours sur la ville « intelligente, durable et inclusive » que vantait déjà Richard Florida -24- peut être analysée très utilement du point de vue de l’exploitation et de la domination sociale.
Par exemple, parler du changement climatique, c’est parler d’un réel attesté par les recherches scientifiques et un large consensus de la communauté scientifique. Mais l’idéologie se glisse dans le rapport à ce réel et le charge d’une signification particulière par la vision de la société qui est exprimée, c’est la construction sociale de cette problématique de la ville et du bien-être. On pourrait, en forçant le trait, distinguer deux discours opposés. L’un, sur le mode de la responsabilité individuelle, énonce que « chacun doit faire un effort dans ses pratiques et sa consommation», renvoyant les citoyens à une individualité sans liens forts avec le fonctionnement économique et social ; l’autre, sur le mode de la responsabilité collective, défend que « le problème est avant tout un problème collectif de mode de production et de consommation qui relève de la structuration économique et sociale de la société».
La construction sociale des problématiques, l’exemple bruxellois
Pour en revenir aux deux articles dont nous parlions précédemment (« Haro sur l’éco-embourgeoisement », « Embourgeoisement : les vrais responsables ne sont pas les arbres »), ces transformations vers des quartiers « verts », de « mixité sociale » –25-, de convivialité, de mobilité douce sont valorisés socialement et favorisés par le pouvoir politique régional bruxellois. Cette vision de la ville correspond évidemment à une idéologie de la ville car l’engouement actuel pour les aménagements durables et l’idée du retour de la « nature » dans la ville, s’ils se basent effectivement sur des préoccupations bien réelles (le réchauffement climatique, les dégâts causés par la pollution), résultent aussi d’une construction sociale de la problématique de la ville et du bien-être.
Cela ne veut pas dire, évidemment qu’il ne faille pas améliorer les quartiers populaires, les rendre plus agréables à vivre. Mais le souci écologique peut très bien y prendre une autre forme qui corresponde aux intérêts des classes populaires. Le goût des uns, n’est pas celui des autres et il n’est pas élitiste (contrairement à ce que déplore l’auteure du second article) de prendre en compte les tendances qui existent dans les différentes classes sociales. Bien au contraire, c’est en prenant en compte cette différence que l’on évite d’universaliser les idées d’une classe dominante.
L’histoire nous a montré qu’aménager un quartier pour l’agrément de ses habitant en y faisant place à la verdure est tout à fait possible dans le cadre de complexes de logements sociaux. Les « cités jardins » et « cités modèles » en constituèrent de beaux exemples.
5. Conclusion
Avec ce troisième article, nous clôturons ce tour d’horizon des différents aspects de la gentrification. Nous voulions développer quelques réflexions et ainsi tracer des pistes qui nous semblaient intéressantes pour la compréhension de ce phénomène qui peut parfois être déroutant dans l’écart qui existe entre les discours se voulant tolérants, ouverts, inclusifs et la situation concrète des populations les plus précaires qui font les frais de la montée en gamme des quartiers.
Nous voulons dégager deux problématiques qui s’inscrivent dans les rapports d’exploitations et de domination qui structurent la dynamique urbaine.
5.1. Une dynamique conflictuelle à trois composantes
Nous avons insisté sur la complexité du processus de la gentrification. Les grands projets urbanistiques soutenus par les autorités locales ou régionales y jouent un rôle majeur. Mais cette offensive sur les quartiers populaires ne se fait pas sur le seul front opposant les grands projets et les habitants anciennement ou nouvellement arrivés. Comme l’indique Jacques Bidet, en face de la classe fondamentale ou populaire, se situe « la classe dominante [qui] comporte deux pôles, deux forces sociales, distinctes quoique entremêlées, à la fois convergentes et divergentes, détenant des privilèges, l’une de propriété, l’autre de compétence » -26-.
Ainsi, la domination sociale favorise aussi l’évincement des milieux populaires de grandes villes comme Bruxelles et ouvre un autre front dans la division sociale de la ville. Une de ses caractéristiques en est l’imposition d’une idéologie de la ville qui si elle vient dans certains cas s’opposer aux projets des grands groupes, dans d’autres c’est aux intérêts spécifiques des plus pauvres qu’elle s’oppose, comme semble l’indiquer les mouvements de défense de l’environnement tel que ceux qui ont émergé autour du Chant des Cailles et de la Friche Josaphat -27-. Ces deux exemples méritent d’être étudiés de plus près afin d’en dégager les alliances de classes (ou fractions de classes) qui sont à l’œuvre et comment elles peuvent rapidement se recomposer lorsque la partie la mieux lotie des classes moyennes y trouve un intérêt réel ou idéologique, c’est-à-dire préserver un cadre de vie privilégié et un engagement relevant du néo-écologisme urbain quitte à s’opposer à la construction de logements. Qui alors reste aux côté des classes populaires pour défendre leurs intérêts propres, en l’occurrence le besoin urgent de logements sociaux ?
5.2. La gentrification et son idéologie
Dans la question de la domination sociale, l’idéologie qu’on pourrait appeler le néo-écologisme urbain joue un rôle important. Celle-ci exprime les préoccupations d’une fraction de classe, la partie la plus aisée de la classe moyenne ou celle la mieux lotie en capitaux (cf. Bourdieu), et qui s’imposent comme modèle à prétention universelle. Peu effrayés par la contradiction, les promoteurs immobiliers s’en saisissent vantant le caractère durable et vert des complexes d’appartements neufs conquérant progressivement les anciens quartiers populaires, appuyés dans leur « conquête » par les autorités politiques promettant une ville durable, smart, attractive. Mais pour qui ? La question sociale qui se trouve au centre de ces transformations de la ville, le droit démocratique au logement et au choix d’habiter en ville, sont étouffés sous un discours prônant abstraitement des valeurs positives.
Difficile de s’opposer aux maîtres mots de mobilité douce, développement durable, politique inclusive, aménagements « bons pour la planète », sans être relégué dans le camp des conservateurs ou des populistes. Pour sortir du carcan de ce faux dilemme, il est nécessaire de dévoiler les ressorts qui animent ces mots d’ordre et d’analyser le rôle joué par cette vision de la ville.
5.3. Pour résumer
L’analyse de la gentrification se doit d’être dialectique, c’est-à-dire, de pouvoir prendre en compte toute la complexité du phénomène, ses contradictions et les dominantes qui s’en dégagent.
Ainsi, il serait erroné de comprendre la démarche que nous défendons comme la mise au placard des questions environnementales. La ville est confrontée à de réels problèmes environnementaux qui touchent toutes les populations, plus particulièrement les moins nantis. La réduction des surfaces perméables, la pollution due au trafic automobile, le manque d’espaces verts, tout cela représente des menaces réelles sur la santé des habitants. Mais nous pensons que la problématique ne doit plus être pensée au départ des inquiétudes des plus nantis. Au contraire, elle doit se recentrer sur les intérêts des classes populaires, encore majoritaires dans les grandes villes. Comment rendre la ville plus saine, plus agréable à vivre pour les moins favorisés.
Il serait tout aussi erroné de considérer qu’il s’agit ici d’une critique offensive contre les dites classe créatives. La société est diverse dans ses composantes et modes de vie. Ne dit-on pas que tous les goûts sont dans la nature ? Ce que nous soumettons à l’analyse critique, c’est le rapport social de domination qui s’instaure entre les classes faisant partie des « classes compétentes » (selon les termes de Jacques Bidet -28-) et les classes populaires, au détriment de ces dernières . Et ce serait un contre-sens que de prendre la critique d’un rapport social pour une critique ad persona.
Francis Dewez
Notes
1 L’Observatoire belge des inégalités se définit comme « un média internet sur lequel sont mis en ligne, à disposition de tou.te.s, des articles courts traitant de manière critique des inégalités sociales, rapports de pouvoirs, discriminations et injustices de tous types.
À l’origine de l’Observatoire belge des inégalités, il y a un groupe de personnes, liées à la recherche universitaire et au monde associatif bruxellois, qui partagent une inquiétude face à la persistance et la croissance des inégalités sociales, et le constat d’un manque cruel d’informations à leur sujet. » https://inegalites.be/Qui-sommes-nous
2 Voir notamment : « Bruxelles, ville mosaïque . Entre espaces, diversités et politiques », édité par Perrine Devleeschouwer, Muriel Sacco et Corrine Toirrekens, éd. de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 2015 . Plus particulièrement deux chapitres : « Dans les cafés « branchés » de Bruxelles : mixité sociale ou nouvel entre-soi ? », Daniel Zamora et Mathieu Van Criekingen. « Le marché, outil de développement urbain ? », Carla Mascia.
« Gentrifications », Marie Chabrol, Anaïs Collet, Matthieu Giroud, Lydie Launay, Max Rousseau, Hovig Ter Minassian, éd. Amsterdam, 2016.
« La place Fontainas comme espace frontière. La production de la ville au regard de la sexualité, du genre, de l’ethnicité et de la classe sociale », Alexandre Donnen, Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n° 139, mis en ligne le 07 octobre 2019, consulté le 03 mars 2022. URL : http://journals.openedition.org/brussels/3738 ; DOI : https://doi.org/10.4000/brussels.3738
« Bruxelles, l’injonction à la mixité sociale, un outil de gentrification ?« , Francis Dewez, mis en ligne sur le site de l’Observatoire Belge des Inégalités https://inegalites.be/Bruxelles-l-injonction-a-la-mixite
3 « L’idéologie, justification par légitimation et description », Emmanuel Renault, revue Actuel Marx n°43, Presses universitaires de France, Paris, 2008. (C’est nous qui soulignons)
4 « Idéologie et appreils idéologiques d’Etat », Louis Althusser, article initialement publiée dans la revue La Pensée n°151 de 1970 et mis en ligne sur le site Les classiques des sciences sociales de l’université du Quebecq à Chicoutimi (UQAC) : http://classiques.uqac.ca/contemporains/althusser_louis/ideologie_et_AIE/ideologie_et_AIE.html
5 « Sociologie de la bourgeoisie », Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, éd La Découverte, Paris, 2007.
6 Une brève vidéo résume les points essentiels de sa théorie : https://www.youtube.com/watch?v=v-VAFI2_v9w
7 « La distinction. Critique sociale du jugement », Pierre Bourdieu, éd de Minuit, coll Le sens commun, Paris, 1979.
8 « Raisons pratiques, sur la théorie de l’action », Pierre Bourdieu, collection Essais Points, éd du Seuil, 1994.
9 « La reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement », Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Editions de Minuit, Paris, 1971.
10 Chaîne youtube La Sociothèque https://www.youtube.com/watch?v=6I_cCLhllQE .
11 Emmanuel TERRAY « Réflexion sur la violence symbolique », in « Les sociologies critiques du capitalisme. En hommage à Pierre Bourdieu », sous la direction de Jean LOJKINE, collection Actuel Marx Confrontation, P.U.F., Paris, 2002) .
12 C’est-à-dire dans une perception non pensée, spontanée, qui correspond à l’idéologie dominante.
13 Emmanuel Renault, « L’idéologie comme légitimation et comme description »,Actuel Marx n°43, 2008
14 « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret », Livre I du Capital, chapitre 1§4.
15 Le philosophe André Tosel expose de manière détaillée, en s’appuyant sur le texte de Marx, le concept de « fétichisme de la marchandise », youtube (2016) : ttps://www.youtube.com/watchv=QoUuOrNhFUc&list=PL3Qc04qSN9G8VPUgMAWpHWZJ49Klb6xYV&index=2
Voir aussi Etienne Balibar « La philosophie de Marx », Paris, 2014, édition La Découverte.
16 TINA : »There Is No Alternative » était le leitmotiv de Margaret Thatcher pour justifier sa politique néolibérale.
17 Cf. dans Bruxelles au plus offrant II sur les « classes créatives ».
18 « Sociologie de la bourgeoisie », Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, éd La Découverte, Paris, 2007. (C’est nous qui soulignons)
19 « Notes tardives sur le marxisme de Bourdieu », Loïc Wacquant, Actuel Marx n°20, 1996, pp 83-90.
20 Ibid.
21 Voir notamment :
« Le réel est relationnel » dans « Raisons pratiques, sur la théorie de l’action », p. 17, Pierre Bourdieu, éd du Seuil, Paris, 1994.
Classes sociales dans le « Dictionnaire critique du marxisme », sous la direction de Georges Labica, avec la collaboration de Gérard Bensussan, Presses Universitaires de France, Paris, 1982
22 Cité par Pierre Macherey dans « Marx 1845, Les « thèses » sur Feuerbach », éd Amsterdam, Paris, 2008.
23 Cité par Etienne Balibar dans « La philosophie de Marx », Paris, 2014, édition La Découverte.
24 « The Rise of the Creative Class: And How It’s Transforming Work, Leisure, Community, and Everyday Life », Richard Florida, Basic Books, 2002
25 Mixité sociale toute relative lorsqu’on observe la réalité des quartiers d’une ville comme Bruxelles.
26 « Reconstruire le marxisme », entretien avec Jacques Bidet, dans « Avec Marx, Philosophie et politique »
27 Voir à propos du Chant des Cailles, l’analyse de Gilles Van Hamme et Hugo Périlleux dans « Défendre son pré-carré. Le conflit sur l’usage du terrain du champ des cailles à Watermael-Boisfort », réf. https://inegalites.be/Defendre-son-pre-carre-Le-conflit
28 « Reconstruire le marxisme », entretien avec Jacques Bidet, dans « Avec Marx, Philosophie et politique »
Bibliographie
« Gentrifications », Marie Chabrol, Anaïs Collet, Matthieu Giroud, Lydie Launay, Max Rousseau, Hovig Ter Minassian, éd. Amsterdam, 2016.
« Bruxelles, ville mosaïque . Entre espaces, diversités et politiques », édité par Perrine Devleeschouwer, Muriel Sacco et Corrine Toirrekens, éd. de l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 2015 . Plus particulièrement deux chapitres : « Dans les cafés « branchés » de Bruxelles : mixité sociale ou nouvel entre-soi ? », Daniel Zamora et Mathieu Van Criekingen. « Le marché, outil de développement urbain ? », Carla Mascia.
« The Rise of the Creative Class: And How It’s Transforming Work, Leisure, Community, and Everyday Life », Richard Florida, Basic Books, 2002
« Défendre son pré-carré. Le conflit sur l’usage du terrain du champ des cailles à Watermael-Boisfort », Gilles Van Hamme, Hugo Périlleux, 2022, https://inegalites.be/Defendre-son-pre-carre-Le-conflit
« Au Chant des Cailles et aux Dames blanches, on se prend à rêver… mais pas de logement social.», partie 1 « Deux terrains sociaux des beaux quartiers », partie 2 « Vive la nature … et vive le logement moyen », Analyse du RBDH (Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat), septembre 2021
« Une nouvelle version du réaménagement de la friche Josaphat bientôt à l’enquête publique », article d’après Belga, https://www.rtbf.be/article/une-nouvelle-version-du-reamenagement-de-la-friche-josaphat-bientot-a-lenquete-publique-10796083
« Dis-moi qui sont tes parents, je te dirai qui tu es », Joël Girès, mis en ligne sur le site de l’Observatoire Belge des Inégalités https://inegalites.be/Dis-moi-qui-sont-tes-parents-je-te
« La reproduction sociale en Belgique« , Delphina Sahiti, mis en ligne sur le site de l’Observatoire Belge des Inégalités https://inegalites.be/La-reproduction-sociale-en-327
« Inégaux face à la mort« , Joël Girès, Pierre Marissal, mis en ligne sur le site de l’Observatoire Belge des Inégalités https://inegalites.be/Inegaux-face-a-la-mort
« La mixité dans les écoles et dans les classes est-elle bénéfique aux enfants défavorisés ?« , Gilles Van Hamme, Pierre Maissal, mis en ligne sur le site de l’Observatoire Belge des Inégalités https://inegalites.be/La-mixite-dans-les-ecoles-et-dans
« Bruxelles : l’injonction à la mixité sociale, un outil de gentrification ?« , Francis Dewez, mis en ligne sur le site de l’Observatoire Belge des Inégalités https://inegalites.be/Bruxelles-l-injonction-a-la-mixite
« L’idéologie comme justification et comme description », Emmanuel Renault, revue Actuel Marx n°43, pp.80-95, Presses universitaires de France, Paris, 2008
« Sociologie de la bourgeoisie », Michel Pinçon, Monique Pinçon-Charlot, éd La Découverte, Paris, 2007
« La distinction. Critique sociale du jugement », Pierre Bourdieu, éd de Minuit, coll Le Sens commun, Paris, 1979.
« La reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement », Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, Editions de Minuit, Paris, 1971.
« Notes tardives sur le marxisme de Bourdieu », Loïc Wacquant, Actuel Marx n°20, 1996, pp 83-90.
« Marx 1845, Les « thèses » sur Feuerbach », Pierre Maherey, éd Amsterdam, Paris, 2008.
« Le caractère fétiche de la marchandise et son secret » dans le « Le Capital, livre I, sections I à IV », Karl Marx, traduction de J. Roy, préface de Louis Althusser,Champs Flammarion, Paris, 1985
« La philosophie de Marx », Etienne Balibar, Paris, 2014, édition La Découverte.
« Reconstruire le marxisme »,entretien avec Jacques Bidet, dans« Avec Marx, Philosophie et politique », Alain Badiou, Etienne Balibar, Jacques Bidet, Michael Löwy, Lucien Sève, entretiens sous la direction d’Alexis Cukier et Isabelle Caro, La Dispute, Paris, 2019
« Idéologie et appareils idéologiques d’Etat », Louis Althusser, article initialement publiée dans la revue La Pensée n°151 de 1970 et mis en ligne sur le site Les classiques des sciences sociales de l’université du Quebecq à Chicoutimi (UQAC) : http://classiques.uqac.ca/contemporains/althusser_louis/ideologie_et_AIE/ideologie_et_AIE.html
« Le réel est relationnel » dans « Raisons pratiques, sur la théorie de l’action », p. 17, Pierre Bourdieu, éd du Seuil, Paris, 1994.
Classes sociales dans le « Dictionnaire critique du marxisme », sous la direction de Georges Labica, avec la collaboration de Gérard Bensussan, Presses Universitaires de France, Paris, 1982.