Bruxelles au plus offrant III ~ Idéologie et domination sociale dans la gentrification

Pour rappel, dans les articles précédents (Bruxelles au plus offrant I et II), nous insistions sur les multiples dimensions de la gentrification. Nous défendions l’idée que pour comprendre le phénomène il ne fallait pas l’isoler dans sa seule dimension économique, bien que celle-ci soit essentielle. Les ressorts du phénomène se trouvent également dans ses dimensions sociologiques et politiques.

Nous poursuivons notre réflexion en examinant les questions de la domination sociale et du rôle de l’idéologie.

1. Une société structurellement inégalitaire

Nos sociétés libérales qui prônent l’égalité des chances sont, dans les faits, fondamentalement inégalitaires. Derrière le vocable « égalité des chances » se cache l’inégalité fondamentale des destins. Les études montrent en effet que l’origine sociale des individus est déterminante dans la position qu’ils occupent dans la société et sur leurs conditions de vie.

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Bruxelles au plus offrant II ~ « Améliorer » les quartiers populaires

Dans un article précédent, nous soulignions les mécanismes économiques présidant à la gentrification des quartiers populaires de Bruxelles.

Nous indiquions aussi que cette dimension économique n’était pas la seule à l’œuvre et que le phénomène se développait aussi sur le plan sociologique, notamment sur celui des dynamiques de domination sociale.

C’est cet aspect que nous développons ici.

1. Un débat par articles interposés

Deux articles parus à quelques semaines d’intervalle, en août 2019 constituent une entrée en matière intéressante. Ceux-ci abordent la question spécifique des aménagements « verts » touchant des quartiers jusqu’ici populaires et représentent deux types de positionnement face aux changements qui s’opèrent actuellement dans les grandes villes.

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Bruxelles au plus offrant I ~ Le profit d’abord

Bruxelles canal à Anderlecht

En 20 ans, Bruxelles a vu sa population s’accroître de plus de 25%, soit une augmentation de 240.000 unités. La transformation de la capitale n’a pas été que quantitative. Comme dans beaucoup d’autres grandes villes on assiste depuis quelques décennies à la montée en gamme de certains quartiers populaires. Des quartiers qui jadis accueillaient principalement une population ouvrière et issue de l’immigration y trouvant des loyers accessibles et un environnement social familier et soutenant 1.

Pour comprendre ce phénomène complexe que constitue la gentrification, il faut prendre en compte trois dimensions : économique, sociologique et politique. La transformation des quartiers se fait sur fond d’opérations immobilières et financières destinées à générer du profit pour leurs opérateurs et surtout pour leurs actionnaires. Elle opère aussi sur le mode de la domination sociale où des populations mieux dotées financièrement, symboliquement et socialement prennent bien souvent l’ascendant sur les habitants des quartiers modestes qu’ils investissent . Mouvement d’ensemble appuyé et orchestré par les différents niveaux du pouvoir politique.

Qu’en est-il de l’aspect économico-politique ?

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